Petit cours de couture improvisé pour l'une des mes (nombreuses) cousines qui voulait se faire un sac à bandoulière pour y mettre ses cahiers et ses livres
Préparation de la bandoulière
Couture des bandes avec la machine à coudre de ma belle-mère...
Ces machines existent et fonctionnent toujours mais la maintenance n'est plus assurée. Il est quasiment impossible de trouver les pièces de rechange, notamment la courroie.
Environ 2 heures plus tard, le sac (doublé!) est terminé.
Ma cousine est super fière! Et elle a raison! ^^
Cours de couture au centre de formation des soeurs de Gourcy (province du Zondoma)
Le centre, tenu par des soeurs, accueille des jeunes femmes et les forme pendant 2 ans
à la couture, broderie, teinture. A l'issue de la formation les élèves peuvent obtenir un diplôme
qui est reconnu et leur permet de trouver du travail.
Certaines anciennes élèves (douées) reviennent parfois au centre pour utiliser les machines à coudre et confectionner des vêtements qui leur sont commandés.
qui a été commandé par une cliente.
Il n'y a pas de patron. La soeur qui enseigne (elle-même a été formée à Ouaga) demande donc aux élèves de prendre les mesures et de lui dire où elle doit les placer pour tracer le haut avant de le couper.
Je n'ai aucune connaissance sur la réalisation d'un patron et lorsque que j'en ai acheté un, comme c'est bizarre, il fallait que ma mère "bidouille" les mesures ici et là pour que ça me corresponde...Bref, ce jour-là ce fut un peu magique: le patron se construisait de façon progressive et logique sous mes yeux. Du coup ça m'a donné envie de me re-mettre à la couture; j'ai un patron de tunique qui attend depuis cet été, il attend toujours...
Entraînement sur papier pour réaliser une piqûre droite
L'une des nouvelles machines utilisée par les filles
La salle de classe pour la couture.
Remarquez au fond qu'il y a encore de vieilles machines (comme celle de ma belle-mère)
Tissage artisanal de bandes de tissu avec du coton burkinabé
Le fil de coton utilisé sur ces métiers à tisser est un fil mécanisé. Le coton est récolté au Burkina, filé en usine (à Bobo Dioulasso je crois, dans le sud-ouest du pays) puis utilisé par les tisserands.
Le fil de coton que j'ai pu voir (et acheter) correspond à peu près à du coton perlé 8 mais ma belle-mère a un châle tissé main avec un fil qui me semble plus fin et moins torsadé. Je n'ai pas beaucoup exploré ce domaine au Burkina, mais on doit certainement pouvoir trouver d'autres types de fils en coton, mécanisés.
Le métier est en métal. Sa largeur peut varier, et par conséquent la largeur de la bande tissée, mais plus c'est large plus c'est cher à l'achat! A Ouaga au village artisanal, j'ai vu un métier 3 fois plus large que celui de la photo mais il semblait appartenir à un groupe de femmes (une coopérative?).
Ce petit métier permet de réaliser des bandes de 30cm de large environ. Les bandes sont ensuite cousues entre elles (sur le pagne que j'ai reçu elles sont cousues machine au point zig-zag). Pour réaliser un pagne il faut assembler 3 ou 4 bandes les unes aux autres.
La tisserande défait ces gros noeuds et noue un à un les nouveaux fils à tisser
Après avoir été patiemment noués, les fils sont tendus sur plusieurs mètres.
Les fils ne touchent pas le sol. Ils restent dans le sac plastique et sont protégés de la poussière. Le sac est coincé sous une pierre ainsi les fils sont bien tendus jusqu'au bout!
Les pédales
La tisserande appuie sur les pédales, le groupe de fils se sépare en 2 et "s'ouvre".
Elle peut faire glisser sa navette (sorte de petite barque en bois très lisse qui contient la bobine de fil)
entre les 2 groupes de fils
Ensuite elle "tasse" le fil qui vient de passer avec la navette. C'est ce geste qui fait toute la régularité du tissage.
On actionne de nouveau les pédales, les groupes de fils "se croisent": ceux du haut passent en bas et ceux du bas passent en haut. Nouveau passage de la navette. On tasse le fil. Action des pédales. Passage de la navette. On tasse. Pédales. Navette. Et ainsi de suite.
Au bout de quelques minutes et plusieurs passages on obtient quelques centimètres de tissu.
Je crois qu'il faut 2 jours pour tisser un pagne complet: 4 bandes de 1,50m environ. Mais cette dame ne tisse pas en continu, il faut aussi entretenir la maison, préparer les repas... Elle tisse à ses "moments perdus" ;-)
Sur cette photo vous pouvez voir des zones de fil rose car cette femme teint elle-même ses fils.
Lorsqu'elle achète ses fils de coton ils ont une couleur naturelle: "blanc sale". Elle peut les laisser ainsi ou les blanchir avec de la Javel et un autre produit pour obtenir un "vrai blanc". Il est ensuite possible de les teindre à chaud. Je n'ai pas assisté à la teinture mais il paraît, d'après la soeur du centre, qu'il faut utiliser des produits chimiques et que c'est assez nocif pour les personnes qui la pratiquent (vapeurs...).
Lorsque le tissage progresse la bande est enroulée autour de l'axe métallique
pour permettre au tissu de bien resté tendu.
Le motif ici tissé est une alternance de fines bandes noires et blanches (pas très visibles sur la photo)
avec de larges bandes blanches.
La tisserande peut proposer différents motifs à tisser à sa cliente.
Cette jeune femme m'a offert un pagne avec ce type de motifs noirs et blancs, le rendu est superbe!
Dans la cour de la première tisserande il y avait aussi une dame qui filait le coton.
Geste très technique là aussi
Le coton avant d'être filé est duveteux et très très doux!
Il est filé en petites quantités sur les tiges en bois (fuseaux ?).
Ensuite les petites bobines sont assemblées entre elles pour donner une grosse bobine qui sera vendue.
La longueur du fil obtenu est étalonnée avant la vente.
Ce coton filé à la main est surtout utilisé par les hommes pour tisser les pagnes "traditionnels".
NB: Ces 2 femmes portent des pagnes traditionnels teints avec de l'indigo
Bravo pour le reportage, et magnifiquement restitué!
RépondreSupprimerEt merci de toutes ces informations si interessantes sur le métier de ces femmes africaines. Vive l'artisanat...!